Voici les compte-rendus de nos réflexions communes. Petit rappel de courtoisie : vous pouvez les utiliser à condition de citer la source, c'est-à-dire : café philosophie à Saint-Lô, cafephilo-saintlo.jimdo.com
Merci !
Contexte du 30ième anniversaire de la "Convention internationale des droits de l'enfant" fin 2019. Les enfants n'ont pas le droit de vote, pas de pouvoir politique ni économique avant leur
majorité, pas de salaire. Personnes non encore formées, plus vulnérables, ils doivent devenir des adultes responsables. La France a ratifié une déclaration en 1948 pour protéger l'enfance
alors laissée en marge. Il s'agit donc d'abord de promulguer les droits de la protection de l'enfant: droit à survivre, à se développer, à être protégé de toute violence, à apprendre, à être
éduqué, à faire entendre sa voix, à être respecté, non discriminé... Ces droits correspondent aux devoirs des adultes par rapport à l'enfant.
Les États doivent faire respecter ces droits et des procès internationaux visent à punir leur non respect selon le droit pénal international. Exemples des enfants-soldats du Congo-Kinshasa, des
enfants victimes de prostitution, de traite, de pornographie... En Inde, en Chine, des enfants travaillent et ne sont pas payés ( ce qui est cautionné lorsqu'on achète certains produits). Des
aménagements sont proposés pour que les familles ne soient pas trop déstabilisées (mi-travail, mi-éducation scolaire); on tente de brider des États pour qu'ils n'aient pas de droits abusifs sur
les enfants. En Grande Bretagne des enfants travaillent malgré l'obligation scolaire. Le terme de "domestique" est de nouveau utilisé. Des jeunes de 12 ou 13 ans font les "guetteurs": sont-ils
obligés, abandonnés par leur famille et la société? De très jeunes enfants- chanteurs, pianistes- sont parfois "exploités" par leurs parents. En sont-ils heureux ou leur enfance en est-elle
gâchée? Certains adultes regrettent que leurs parents aient refusé de leur laisser faire certaines choses, de façon qui leur a semblé arbitraire, car elles n'étaient pas
insensées. Les parents ont-ils trop de pouvoir sur leurs enfants?
Les enfants obéissent aux règles parentales, et aux règles scolaires. Les familles n'ont plus la main sur ceux qui sont en rupture sociale, récupérés par exemple par des milieux mafieux. Gagnant
de l'argent, ces enfants pensent avoir une forme d'autonomie. Mais l'accroissement de l'urbanisation ne fait-elle pas perdre justement aux enfants une part d'autonomie, sont-ils plus libres au
bas des immeubles? Échappent-ils à l'autorité de leurs parents, ou leurs parents leurs font-ils confiance?
Référence est faite aux révoltes des banlieues, à la suite notamment de l'électrocution de deux jeunes, et au "coup de karcher" qui avait été préconisé de peur que ces mouvements ne se répandent.
Protection ou répression? Repérer les attroupements, cartographier, encercler, sont des missions de prévention de la délinquance. S'agit-il de protection de l'enfance? En 2005-2006 des travaux de
prévention sont faits en réseaux: police, travailleurs sociaux... Réelle prévention ou plutôt peur d'une révolte des banlieues non maîtrisable, donc finalement répression? Certes à 16 ans un
adolescent n'est plus tout à fait un enfant. Mais les articles de la "Convention internationale des droits de l'enfant" concernent l'enfant jusqu'à 18 ans car un mineur n'a pas le droit de
s'exprimer dans la vie politique mais a droit à la protection selon la législation des différents pays: nourrisson, enfant, adolescent, jeune adulte. L'enfant devient de plus en plus lucide quant
à ses droits; les nouvelles technologies, les réseaux sociaux, le tiennent informé. Mais a-t-il vraiment les moyens de faire respecter ces droits?
Il peut être exploité, trouver des solutions pour payer ses études si les parents ne le peuvent pas (jusqu'à la prostitution par ex.). L'égalité des chances, pourtant prônée par le système
éducatif, ne semble guère respectée face aux inégalités sociales ( panne de l'ascenseur social). Lorsque ces droits de l'enfant n'ont pas été totalement assurés par la famille, ou par la DDASS
selon un témoignage à l'époque, l'enfant livré à la rue mais ayant acquis une maturité peut toutefois apprendre tout seul, évoluer, construire sa vie. La "Convention des droits de l'enfant" est
certes bénéfique, mais il faut aussi que l'enfant soit acteur de son devenir. Il n'est pas encore pénalement responsable mais a le droit du choix ( lors de conflits familiaux par ex.). Adulte en
devenir, il doit exercer une responsabilité qu'il faut lui donner. A côté de ses droits il a aussi des devoirs. Certains enfants abusent de leur pouvoir ( jusqu'à mettre abusivement leurs parents
devant un tribunal), se sentent dans la "toute-puissance".
Comment éduquer un jeune "mal parti dans la vie"? Les politiques varient: le sortir de sa famille, ou aider cette famille? Dans l'un et l'autre cas, les travailleurs sociaux -les éducateurs-
ont-ils les moyens de bien remplir cette tâche? Cette prise en charge est très difficile. Au-delà de l'exercice d'une autorité, c'est la rencontre qui est importante, l'écoute, l'amour manifesté;
rencontre avec un éducateur, ou avec un médecin, un soignant par exemple. Allusion au "parentibus" mis en place par une juge pour enfants retraitée de Coutances, et destiné à rencontrer les
familles, les enfants, pour les informer, les aider. Le mineur doit pouvoir être conduit vers l'autonomie et l'acquisition des moyens de vivre, un développement harmonieux permettant
l'épanouissement de sa personne.
Le droit de l'enfant et le droit à l'enfant sont-ils comparables? Le champ n'est plus le même. L'enfant relève-t-il de la seule volonté individuelle: je veux une voiture, un chien, un enfant? La
PMA ouverte aux femmes seules et aux couples d'homosexuelles est-elle de l'ordre d'une prestation réclamée en faisant valoir ses droits? Dans ce cas, n' y a-t-il pas une injustice car les femmes
pourront obtenir satisfaction mais qu'en sera-t-il des couples d'hommes? Faudra-t-il autoriser la GPA, les "mères porteuses", dont la pratique reste interdite en France? Des médecins, comme
J.L.Touraine, préconisent l'utilisation future de l'utérus artificiel. Le droit à l'enfant ne manifeste-t-il pas une volonté de toute puissance de l'humain, plus fort que les lois de la nature,
comme s'il était lui-même un Dieu? Certes toute personne a le droit de se faire soigner et de remédier à un problème de stérilité. C'est le rôle de la médecine dans la mesure du possible. Mais
l'humain est-il réellement au dessus de la nature par ses réalisations techniques? Malgré les ambitions du transhumanisme, un enfant doit encore être introduit dans un être humain et ce lien est
indispensable. L'utérus artificiel, la procréation des enfants par des machines à base de systèmes informatiques, donc la robotisation de la naissance, ne font-ils pas partie de la
science-fiction? Que serait un enfant programmé dont on choisirait les diverses caractéristiques: couleur des yeux, caractère...? L'ordinateur fonctionne avec les éléments biologiques en cours.
L'enfant est plus un don à recevoir qu'un dû à fabriquer, ce n'est pas un produit. Le droit à l'enfant n'existe pas dans la loi.
Si la revendication de ce droit existe, elle se présente pourtant davantage comme une liberté de procréer, un désir d'enfanter présent aussi dans un couple homosexuel, malgré l'impossibilité
biologique. Dans les sociétés néo-libérales, le corps humain est exposé aux dérives mercantiles, à la marchandisation des êtres humains considérés comme des objets, comme des moyens d'accéder à
d'autres fins que la réalisation de la personne humaine. Où est le droit de l'enfant porté par exemple par une femme de 70 ans? Ou s'il est conçu pour remplacer des organes de son frère? Dérives
de l'eugénisme, du trafic de matériaux humains, de la création d'embryons transgéniques... C'est le domaine pourtant de la bioéthique.
Les intérêts individuels et les demandes de la société suffisent-ils à tout justifier? Sylviane Agacinski, philosophe (femme de Lionnel Jospin), met en garde contre le rêve d'un enfant sur
commande et sur l'effacement de la filiation biologique qui risque de s'en suivre. Le mariage homosexuel peut être acceptable, mais qu'en est-il de l'homoparentalité, qui efface la
génération sexuée et donc la bilatéralité des parents? Le lien juridique ( ex. le beau-parent) différe du lien génétique. S. Agacinski s'élève contre le marché du corps, biologique ou sexuel, et
contre la maternité de substitution, qui fait du corps humain un instrument de production. Il est honteux, dit-elle, que les Etats tolèrent de tels marchés. Elle est au contraire favorable à
l'adoption, qui n'implique pas la négation de la paternité, ni de la maternité. Il est difficile de concevoir une adoption par robotisation. Des questions subsistent: de quel droit certaines
cultures s'autorisent-elles à prendre des enfants d'une autre culture? L'adoption est souvent bénéfique toutefois: exemples des conflits en Éthiopie ou au Cameroun, des enfants des hôpitaux
psychiatriques en Roumanie... Difficultés de l'adoption en France, exigence que la mère renonce à ses droits parentaux... Notion de "parrainage", qui aide un enfant et sa famille à vivre
décemment ensemble.
Un enfant privé de son père est une expérience malheureuse à laquelle on cherche à remédier; un père mort, absent...peut rester présent à l'esprit d'un enfant. Mais la loi doit-elle autoriser la
création d'un enfant ignorant qui est son père biologique? Comparaison avec ce qui est pratiqué dans l'élevage des bovins par exemple. Comment va-t-on expliquer à l'enfant ce qui s'est passé?
Comment élever un enfant, que lui dire s'il n'a pas de père connu? Cette situation toutefois est-elle vraiment stigmatisante pour l'enfant? S'interroge-t-il vraiment sur sa conception?
Expériences multiples d'enfants dont les parents sont séparés, ou vivant avec deux femmes, ou deux hommes, qui ne sont pas gênés dès lors que l'amour est présent. Qu'en est-il pourtant à
l'adolescence? L'être humain recherche ses origines ( le "nom du père", goût pour la généalogie...).
Il y a certes toujours un père derrière un spermatozoïde, mais dans l'actuelle législation, qui est en train de bouger, l'enfant ne peut pas le connaître. Le donneur doit rester anonyme et n'a
pas de statut parental. La nouvelle législation- en cours de réflexion- doit lever l'anonymat par rapport au stock de gamètes, dans le cas notamment des femmes seules ou homosexuelles. Levée de
l'anonymat toutefois non identifiante ( mais suffisante pour que le nombre de donneurs ait diminué). Si l'enfant est malade génétiquement, il faut remonter au père. Les exigences médicales
maintiennent des informations sur le donneur, qui n'endosse pas cependant la paternité.
La question du "droit à l'enfant" est liée actuellement à l'homosexualité (en dehors de la possibilité de l'adoption), à l'homoparentalité. Serions-nous partis dans une "hétérophobie", selon les
mots de S. Agacinski? Peut-être y a-t-il un lobby du "non-genre"? Qui sommes-nous pour interdire à deux femmes, ou à deux hommes, d'avoir un enfant s'ils en ont le désir? Mais l'humain n'a-t-il
pas à accepter les limites de ce qu'il peut ou ne peut pas faire? Un enfant n'est pas de l'ordre de l'acquisition. Comment juger de la légitimité du droit d'avoir un enfant, ou de ne pas en
avoir: question de l'avortement? L'enjeu dépasse le
désir individuel puisqu'il engage notre modèle de société (avoir juridiquement deux mères ou deux pères...); il relève de la bioéthique mais aussi du droit pénal qu'il faudra instaurer pour
éviter les dérives possibles. L'enfant doit rester un "sujet de droit" dont il faut respecter l'intérêt supérieur comme le souligne la "Convention internationale des droits de l'enfant".
Les responsables de la vie politique, économique, militaire, culturelle...exercent légalement un pouvoir, ont le droit de diriger, de commander. Mais que signifie "diriger" un pays, une
entreprise etc.? Commander, donner des ordres, soumettre? Ceux qui obéissent ou exécutent les ordres n'en ont-ils plus la responsabilité? Ou au contraire en sont-ils pleinement responsables par
leur liberté d'acceptation ou de refus, leur capacité à assumer les tâches à accomplir?
Tout ne dépend-il pas de la nature de l'ordre donné, et de la personne qui donne cet ordre? S'agit-il d'un membre de la famille, d'un employeur, d'un agent assermenté...? L'ordre peut être
brutal, ou fondé sur une règle établie, une loi à respecter, un principe moral... Si l'employé n'accepte pas d'exécuter le travail demandé par l'employeur, il devra quitter ce travail. Plus
faible que le patron, l'ouvrier est obligé de se soumettre; il s'agit d'un rapport hiérarchique, fondé sur l'inégalité des personnes lors de la prise de décision. La scission du travail,
compartimenté, organisée par les nazis, abousissait à faire accomplir une tâche sans responsabilité (management des "ressources humaines" qui a inspiré les grandes sociétés internationales). Le
supérieur à qui il faut obéir a-t-il plus de savoir (diplômes), de compétences ( expérience, ancienneté...), d'intelligence (compréhension, faculté d'adaptation)? Ou bien son pouvoir résulte-t-il
d'un choix, d'une élection par le peuple ou ses représentants?
En démocratie le peuple, souverain, se gouverne lui même car il obéit à des lois qu' il s'est lui-même données par l'intermédiaire des législateurs élus. L'autorité du Président de la République
vient de son élection par la majorité des citoyens. Cette élection pourtant ne l'autorise pas à exercer un pouvoir absolu pendant le temps de son mandat car les pouvoirs exécutif, législatif et
judiciaire sont séparés; la minorité, d'autre part, continue à pouvoir s'exprimer (liberté d'expression, d'association, de manifestation...). Autorité et responsabilité semblent donc
partagées entre ceux qui sont au pouvoir et le peuple qui leur a donné ce pouvoir. La démocratie en ce sens se distingue de l'anarchie, qui refuse tout pouvoir établi s'exerçant sur les
individus: chacun en effet est doué de raison, d'une conscience morale, et les humains peuvent donc s'organiser entr'eux dans de petites sociétés sans être soumis à une quelconque autorité
hiérarchique. Difficilement réalisable historiquement, une société anarchiste reste une utopie, et une société "anarchique" est devenue synonyme de désordre. L'ordre implique donc l'exercice
d'une autorité.
L'autorité va-t-elle alors de paire avec la soumission plutôt qu'avec la responsabilité des dirigés? La soumission est davantage liée à la crainte face à la force ou à la puissance des
institutions, qu'au respect d'une autorité. Exemples: peur de perdre son travail face à un employeur, soumission à la police, à la justice parfois (malgré la présomption d'innocence), soumission
au système ultra libéral dont on mesure pourtant les injustices. Se laisser commander peut apparaître comme une contrainte incontournable, mais aussi comme une exigence: être bien cadré, dans
l'armée par ex. En l'absence de repères internes, certains souhaitent être contenus par des cadres extérieurs qu'ils acceptent ( référence aux légionnaires). Peut-être y-a-t-il aussi un goût pour
l'obéissance, voire la soumission, qui offrent un chemin tout tracé, permettent de "se cacher derrière les ordres".
Les méthodes de "soft management" remplacent l'autorité par une gestion "douce" fondée sur le bien être du personnel, et l'accroissement de la responsabilité de chacun; mais ces nouvelles façons
de diriger visent toujours un plus grand rendement de l'entreprise et un profit accru selon le modèle du libéralisme et ne préservent pas par ex. du "burn-out" de qui veut tout donner à
l'entreprise.
La richesse, liée à une certaine notion de la "réussite sociale", donne davantage de pouvoir. Accroît-elle l'autorité d'une personne sur ses concitoyens? Certes chacun a-t-il par ex. le droit de
vote, mais chacun a-t-il une réelle possibilité matérielle de se présenter à une élection? Référence à "l'entonnoir électoral" faussant parfois les critères de choix légitimes d'un futur élu:
honnêteté, intégrité, expérience..., au profit de "valeurs" plus contestables: réseaux, financements, médias...
La maîtrise et l'usage des nouvelles technologies accroissent l'efficacité du pouvoir. Lui assure-t-il une autorité accrue? L'utilisation des données informatiques augmente les possibilités de
contrôle et de surveillance. L'usage de ces machines et objets connectés, qu'il est difficile de refuser, ne nous soumet-il pas davantage à l'autorité et au pouvoir du système ultra libéral?
Certes aucun outil n'est en lui-même bon ni mauvais; tout dépend de l'usage qui en est fait et donc de la responsabilité humaine. Mais la liberté humaine n'est-elle pas menacée par la puissance
du robot? Le robot reste créé et utilisé par les êtres humains, capables de refuser ou de modérer son usage. Exemple du changement de comportement de la jeune génération, refusant l'obsolescence
programmée des machines et donc la logique du profit au nom des valeurs de l'écologie. La liberté et la responsabilité des citoyens contestent l'autorité d'un pouvoir dont les principes sont
ébranlés. Voir aussi les "lanceurs d'alerte" souvent menacés, pourchassés, par le pouvoir.
Les méthodes autoritaires fondées sur la puissance et la manipulation n'entraînent pas nécessairement l'adhésion, mais suscitent des mouvement de résistance et de dénonciation des abus de
pouvoir. Qui est responsable par ex. de la sécurité sur la voie publique? Le gendarme, auquel le citoyen doit obéir, ou le citoyen lui-même, acceptant le règlement que le gendarme est seulement
chargé de faire appliquer? Lors de manifestations, le préfet est responsable d'utiliser ou non son autorité pour en garantir le bon déroulement. Dans un hôpital, qui a autorité sur des
infirmières surchargées agissant dans l'urgence? N'exercent-elles pas légitimement leur responsabilité?
Chacun garde sa liberté d'initiative pour exécuter des ordres qui lui semblent justifiés et peut -voire doit - refuser ce qui lui semble injuste ou illégitime. Est-ce si facile? Un employé ne se
sentant pas en sécurité dans ses conditions de travail peut exercer son droit de retrait, mais l'application concrète de ce droit s'avère parfois complexe et ses conséquences difficiles à
assumer. Mal perçu, un ordre donné semblera "irresponsable" et son exécution sera problématique.
Est-il même souhaitable de se soumettre au "formatage" généré par les injonctions (souvent d'ailleurs contradictoires) de la société de consommation, par l'utilisation des réseaux
sociaux toujours centrés sur le même type de questions (issues des machines), qui paraîtraient vite ridicules dans un autre contexte? Il est plus constructif de réintroduire l'esprit
critique, la liberté et la responsabilité de chacun.
Le respect de l'autorité ne se fonde ni sur la manipulation, ni sur la peur (de la répression, des extrêmes...), mais sur la confiance en celui qui l'exerce et sur la légitimité de l'ordre. La
désobéissance civile refuse la soumission à une autorité considérée comme illégitime parce que non conforme aux valeurs reconnues par les citoyens (exigences de justice sociale, urgence
climatique...). Elle est un droit reconnu dans notre Constitution, même si les conséquences juridiques sont variables. L'exemple extrême du nazisme montre que l'obéissance aux ordres ne suffit
pas à évacuer la responsabilité de celui qui les exécute. Le citoyen ne doit donc pas obéir à une autorité, même légalement installée, s'il juge que l'exercice de son pouvoir est devenu injuste,
contraire au bien commun. Le peuple étant souverain en démocratie, les institutions permettent de ne pas avoir de "chef" détenant un pouvoir absolu, mais de fonder une "vérité" sur la discussion,
la négociation, le "choc des idées", et d'instaurer la collégialité.
En ce sens, l'obéissance à une autorité semble contradictoire, chacun devant exercer sa responsabilité. Selon Confucius, l'autorité du chef est fondée sur l'étude et la lecture lui ouvrant la
voie à la vérité. L'égalité des droits permet à chaque citoyen d'avoir la même valeur aux yeux de la loi; mais le droit de vote par exemple, exige aussi l'instruction civique et la réflexion des
citoyens, qui ne doivent pas se contenter des divertissements vendus par la société et d'informations superficielles, voire fausses.
Responsable de son vote -ou de son refus de voter- le citoyen est aussi responsable de ceux qui se présentent à l'élection et du respect de leur engagement. Pourquoi "laisse-t-on faire" lorsque
l'action politique n'inspire plus la confiance? Le contrat social assure la liberté s'il est respecté de part et d'autre. D'où vient mon autorité, mon pouvoir de diriger se demande un
"commandant" dans le film Star Trek. L'autoritarisme n'est pas légitime en démocratie, mais comment discerner ce qu'il est bon de faire? Comment décortiquer, pour le citoyen, la masse des
informations, voire
des manipulations qui l'entourent? (Exemple de l'élection de Donald Trump.)
L'exercice d'une autorité suppose que les valeurs, les critères de jugement, soient les mêmes pour le dirigeant et les dirigés, le Président et le peuple. C'est le cas par ex. aux Etats Unis
selon la Constitution. La notion de "Raison d'Etat" introduite par Richelieu en France peut créer une distance entre ces deux directions. L'Allemagne et l'Angleterre conduiraient davantage une
"Realpolitik", fondée sur le calcul des forces, "l'intérêt national", profitable ou non au peuple, tandis que les États Unis resteraient plus idéalistes, agissant au nom de la liberté - du moins
officiellement- jusqu'à l'échec parfois (guerre du Vietnam), ou jusqu'au sacrifice pour assumer totalement la responsabilité d'une action. La responsabilité incombe au dirigeant mais aussi aux
dirigés.
Référence au film "Octobre rouge" qui pose la question de l'autorité du commandant d'un sous-marin perdant peu à peu la raison. Faut-il obéir aux ordres alors qu'il ne répond plus aux autres
membres de l'équipage? Le second choisit de prendre la responsabilité du commandement, pensant que le commandant était fou. Or la folie, même d'un point de vue juridique, atténue voire fait
disparaître la responsabilité puisque celui qui en est atteint ne répond plus de ses actes.
Selon l'étymologie - "respondere" en latin- être "responsable", c'est "répondre" de ses actes devant soi-même mais aussi devant les autres. La réponse à cet "appel" de l'autre légitime l'autorité
d'une personne. L' "auctor", selon la pensée romaine, est celui qui soutient une chose et la développe, qui augmente la confiance et l' "auctoritas" est la force qui sert à soutenir et à
accroître. Exercer une autorité n'est donc pas utiliser une méthode autoritaire, contraire à l'assentiment du peuple ou même au "sens commun", à la raison. Autorité et responsabilité vont de
paire puisqu'en démocratie est admis le principe du contrôle des gouvernants par les gouvernés.
Ci-dessus la lettre grecque phi, abbréviation commune de philosophie.
Geneviève LEVEILLE
cpsaintlo@gmail.com
Site web :
Benoît R. SOREL
Ce site a été conçu avec Jimdo. Inscrivez-vous gratuitement sur https://fr.jimdo.com